Suite et bilan de la conférence Le Web 3

Danah Boyd
Danah Boyd est “social media researcher” chez Yahoo spécialiste des comportements des jeunes. Son intervention a été excellente, je vais sans doute suivre son site avec assiduité (www.danah.org).

Glenn Fisher et les intervenants sur le gaming
Le directeur Marketing de Second Life nous raconte ce qu’y se dit actuellement sur le web si vous suivez les discussions de mon blog ou de ceux de Loïc Le Meur ou Fred Cavazza. Second Life est un site web en ligne où vous pouvez construire votre personnage virtuel et y développer de réeles relations économiques et sociales. Second Life a une monnaie (le linden), vous pouvez acheter un terrain, construire une maison, créer des objets, etc…

Mais l’intérêt grandissant de Second Life tout comme World Of Warcraft (univers virtuel consacré au jeu Warcraft) réside dans la fait que ces espaces virtuels deviennent de réels lieux de business. Les entreprises, les marques sont présentes dans Second Life, des artistes donnent des concerts, vous pouvez acheter et vendre dans ces espaces, et pas seulement en monnaie virtuelle, il existe un cours de change officiel linden/US dollar.

Certains internautes vivent de leur vie virtuelle. Pour exemple, en Chine, des “fermes” regroupent des travailleurs qui jouent en permanence sur World of Warcraft pour revendre des “points d’expérience” aux européens ou américains qui n’y jouent pas assez pour les acquérir mais souhaitent faire évoluer leur personnage. Ils achètent donc ces points.

Le phénomène des mondes virtuels n’est pas nouveau, ce qui change en revanche c’est la perception qu’en ont les entreprises et les marques. Il s’agit désormais de territoires supplémentaires ou le business doit s’exporter. Le risque pour elles de ne pas y être présent est de favoriser l’émergence de modèles et de marques concurrentes parfaitement “connectées” et donc de générer une préférence qui sera également vraie IRL (in real Life).

Au delà de la prévention des risques, les mondes virtuels sont un lieu d’opportunités “disruptives” pour les marques qui peuvent bénéficier d’un laboratoire extraordinairement riche de comportements. Par exemple, Nissan a utilisé Second Life pour lancer un projet de voiture qu’il a offert à mille habitants de Second Life. L’impact d’une telle opération est évidemment énorme dans Second et en dehors, évidemment, 1000 voitures virtuelles ne coutent rien, c’est juste de l’intelligence marketing adaptée au Web 2.0.

Ce “panel”, c’est à dire conférence collaborative à plusieurs intervenants avec échanges était l’une des plus intéressantes depuis hier. ce n’est pas le cas ici, mais nous avons eu beaucoup (trop) d’intervenants qui étaient enfermés dans leur discours marketing sans aucun élément de réponse au sujet (souvent hyper-vendeur ou provocant par ailleurs – voir le programme complet wur www.leweb3.com).

Nicolas Sarkozy
C’est dommage, la convention s’est un peu transformée en prise de parole politique. Je ne suis pas sûr que les 55% d’inscrits réprésentant les 26 autres pays aient trouvé un intérêt à cette intervention. Le discours était préparé et si j’avais été un conseiller en communication, j’aurai évité le pupitre alors que François Bayrou s’était assis avec les autres intervenants dans les fauteuils club de la scène et j’aurai fait en sorte que Nicolas Sarkozy puisse répondre à quelques questions (ça l’aurait rapproché de son auditoire).

Ici n’est pas le lieu de débats politiques mais je retiens cependant une phrase particulière qui fait écho au discours de ce matin de Shimon Peres : “Vous avez dans les mains la liberté du monde. Puisque vous représentez l’économie du futur, vous posez les bases d’où naîtra la démocracie de demain”. Les blogueurs mais aussi tous ceux qui sont des internautes et donc agissent sur le réseau ont le pouvoir de porter des valeurs au delà d’eux. Chacun peut agir pour défendre ses idées.

Networking & mobile
Une chose est sûre, le monde du web est totalement associé à celui du téléphone mobile et ce pour plusieurs raisons. Le mobile permet et permettra de plus en plus d’accéder à l’Internet en permanence (emails, messenger et web bien sûr), suivant cette idée, il devient une extension de chacun.

Mais le panel « networking mobile » met également en avant le développement des applications de geomarketing. De plus en plus, les services de l’Internet pourront ajouter la localisation géorgaphique à la panoplie de la personnalisation. Comprenez que les offres qui arriveront bientôt sur votre mobile seront non seulement conçue pour vous mais aussi en fonction de l’endroit où vous êtes.

Je ne m’étendrai pas sur les sujets consacrés à la e-democracy, il me semble que ce sujet transparaît dans tous ceux abordés. L’intervention ce matin de Shimon Peres a de plus placé le débat très haut, difficile de rivaliser. Juste une remarque intéressante (qui contribura à mon bilan) de David Weinberger. L’existence de chacun (ou d’une marque) sur le web dépend de sa capacité à tisser des liens autour de lui, ces liens créent son positionnement et sa crédibilité.

Bilan
Cette conférence a été l’occasion d’entendre certains orateurs de talent et extrêmement intéressants. Mais au delà de chacun, c’est la contribution générale qui permet de créer des associations d’idées, de rebondir et finalement de forger des convictions. En voici quelques unes :

Le monde change, la meilleure preuve est que les hommes politiques du monde voient la blogosphère et l’Internet en général comme un vivier actif de « porteurs de valeur ». Selon la lucidité de chacun d’eux, ils analysent ce « 5ème pouvoir » comme une opportunité pour la paix, un outil de campagne ou un vivier pour la recherche et l’économie.

Chacun s’approprie le medium interactif, plus encore, qu’il s’agisse du mobile ou de l’ordinateur portable, il devient personnel : l’ordinateur (fixe ou portable) est personnalisé, customisé en couleurs ou décoré, le mobile a des sonneries originales, des « bijoux pour mobile » et comme on le voit chez les jeunes, le web devient un espace reconnaissable de socialisation.

Cette appropriation personnelle de l’outil technologique conduit à une volonté de personnalisation des services qu’il propose et qu’il s’agisse d’offres, de navigation ou de territoires sémantiques, le web s’éclate en de multiples espaces hyperspécialisés (certaines réels, d’autres virtuels).

Mais le web, même s’il devient personnel reste un espace virtuel où la représentation physique de chacun est soit déformée soit absente. C’est pourquoi les réseaux sociaux se développent, ils sont le moyen pour l’internaute de construire son indentité virtuelle et sa réputation, base de sa socialisation.

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